Mercredi 31 mai 2006, 20h30.
Arena de Genève.
Le grand rideau rouge tombe enfin, accompagné par un fort à-propos "It's on !", et la machine de guerre se met en marche.
Pour l'occasion, les quatre membres du groupe sont épaulés par une choriste, des percussions et un clavier. Le son est énorme, puissant mais très clair (même pas mal aux oreilles le lendemain).
Les hymnes succèdent aux hymnes : "Thoughtless", "Falling away from me", "Make me bad", "Beg for me", "Freak on a leash", "Somebody someone", "A.D.I.D.A.S.".
Envoûtants, labyrinthiques, oppressants.
La voix de Jonathan Davies (vêtu d'un kilt plissé noir du plus bel effet) se fait tour à tour suppliante ou menaçante, mais toujours juste et parfaitement maîtrisée. La présence et le charisme du bonhomme sont incroyables (au même niveau que Mike Patton, c'est vous dire).
Certains morceaux réussissent même à être heavy et "sautillants-groovy" à la fois : "Coming undone", "Twisted transistor" et surtout le monstrueux, l'incomparable, le génialissime "Got the life".
La boucle est bouclée une heure et demie plus tard par "Blind", le titre qui a révélé Korn il y a 12 ans.
Au final, une prestation imparable, carrée et efficace, des morceaux variés, complexes et parfaitement enchaînés, un très bon moment passé avec un groupe toujours très loin devant ceux qui essayent de "faire du Korn".
Un petit bémol cependant (ce ne serait pas drôle sinon) : j'ai été surpris par l'absence de communication du groupe vers le public (on ne demande pas une logorrhée à la Mike Muir entre chaque morceau mais un petit mot de temps en temps, ça fait toujours plaisir) et par les nombreux spectateurs qui ont préféré filmer le concert avec leurs téléphones portables plutôt que de le suivre en direct et de bouger leurs corps ("parce que si on saute, l'image elle tremble tu vois").
J'ai également eu la malchance, en raison de ma cheville convalescente, de devoir suivre le concert depuis les gradins (je me voyais mal lui infliger deux heures de jump-up et de brassage à l'ancienne dans la fosse) entre quelques gotho-pouffes et plusieurs parents, un peu désorientés, venus accompagner leurs bambins vêtus de merchandising Korn de la casquette aux chaussures de skate (je m’imaginais dans la même situation que ces malheureux parents, accompagnant mes fillettes à un concert de Lorie) et que ce soir-là, dans les gradins, toute tentative pour se mettre debout était réprimée par le service d'ordre et par les spectateurs eux-mêmes ("Oh ! Assis ! On voit rien !"). Du jamais vu en vingt ans de concert.
Enfin, paranoïa typiquement américaine ou obsession sécuritaire typiquement helvète, j'ai été un peu choqué de voir des vigiles sur scène. J'aimerais bien d'ailleurs avoir des nouvelles du malheureux qui a tenté de monter sur la scène pour une séance de stage-diving et qui s'est retrouvé, en quelques fractions de secondes, garrotté et écrasé sous plusieurs quintaux de viande.
Mais force reste à la musique et au très bon souvenir que ce concert me laissera.
Pour vous en faire profiter un peu, je placerais quelques coups de Korn "Entre les cornes", en haut à droite. Promis, vous aurez le droit de vous lever...